Viadeo est placé en redressement judiciaire
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Le couperet est tombé ce mardi ! Le Tribunal de commerce de Paris a décidé de placer la société Viadeo en redressement judiciaire, pour une période de trois mois. Une décision qui suscite beaucoup de réactions mais qui ne signe pas forcément la mort du réseau social professionnel, qui affiche 11 millions de membres en France. Ce dernier dispose encore de solides chances de retrouver un repreneur parmi les acteurs du recrutement en ligne
Mardi dernier, le Tribunal de commerce de Paris a placé Viadeo et sa filiale américaine APVO en redressement judiciaire pour une période de trois mois. L’objectif de cette décision est de poursuivre le processus de cession d’actifs de l’entreprise, déjà engagé par le CEO Renier Lemmens, entré en fonction en janvier 2016 pour redresser la barre. A l’issue de cette période, la société, dans la tourmente depuis plusieurs années, sera donc officiellement placée en liquidation judiciaire. La cotation de ses actions étant suspendue, « les actionnaires actuels doivent considérer que les actions de Viadeo n’ont plus de valeur », précise le communiqué de presse du groupe. Quoique soudaine, cette décision n’est pas surprenante, selon Jean-David Chamboredon, président exécutif du fonds d’investissement ISAI. « La nouvelle équipe dirigeante n’a pas eu suffisamment de temps pour sortir la société de l’impasse. D’autant qu’elle a eu le géant mondial LinkedIn pour concurrent frontal, qui voit sa communauté de Français augmenter de jour en jour », décrypte-t-il.
Une stratégie précipitée à l’international
Fondé en 2004 par Dan Serfaty et Thierry Lunati, Viadeo a pourtant connu une ascension fulgurante. Entre 2006 et 2014, le réseau social professionnel a multiplié les levées de fonds et les rachats. En juillet 2014, il a même atteint des sommets en entrant en Bourse, sur le marché d’Euronext, à Paris. Une consécration. A ce stade, la priorité du groupe était toujours de développer sa présence à l’international. Et c’est à partir de là que tout a basculé. Début 2016, Renier Lemmens avouait à demi-mot que la plus grosse erreur de Viadeo avait été de ne pas levé suffisamment de fonds lors de son introduction en bourse, au vu des importantes ressources que nécessitait son développement en Chine. Un avis qui n’est pas partagé par Jérôme Colin, principal au sein du cabinet de conseils Roland Berger. « Si Viadeo avait réussi à mobiliser davantage d’argent, l’échéance du redressement judiciaire aurait peut-être été repoussée, mais le dénouement aurait été le même », assure-t-il. Il estime surtout que le réseau social « a brûlé trop de cash à l’international. » A propos des velléités de la société en Chine, il explique : « Viadeo est arrivé sur un marché déjà très occupé, avec une position trop petite et un nombre d’utilisateurs trop restreint pour se frayer un chemin. » D’aprèsJean-David Chamboredon, le panel de services a, lui aussi, fait défaut. « Viadeo n’a pas su faire évoluer son produit. En faisant preuve d’agilité, la société aurait pu élargir son offre de services », estime-t-il. A ses yeux, les outils liés aux sourcing - les plus rémunérateurs - n’ont pas été suffisamment développés.
Quel dénouement pour Viadeo ?
Malgré la décision du Tribunal de commerce de Paris, les observateurs du marché sont plutôt optimistes sur l’avenir de Viadeo. « Viadeo dispose de solides actifs : une bonne plateforme informatique, une base d’utilisateurs importante ainsi que de bons outils RH. Je verrais bien un jobboard ayant un véritable savoir-faire numérique en guise de repreneur. C’est ce qui aurait le plus de sens pour réécrire une nouvelle histoire », estime Jérôme Colin. Dans un communiqué, Viadeo assure avoir reçu « plusieurs offres visant à la reprise de son activité et au maintien d’une part significative de ses salariés. » Des offres qui émaneraient de « repreneurs solides financièrement et ayant une expertise reconnue dans le recrutement online », précise le communiqué. Sur le marché des RH, plusieurs noms circulent parmi les jobboards leaders… Il faudra toutefois attendre la décision finale du Tribunal de commerce de Paris, qui devrait être rendue d’ici fin décembre, pour avoir davantage d’informations sur une éventuelle reprise.
Aurélie Tachot