Easyrecrue : la mobilité et l’intelligence artificielle pour doper le recrutement vidéo
Le | Gestion des candidatures
Lancée il y a cinq mois, la nouvelle application mobile d’Easyrecrue a déjà séduit 16 % des recruteurs. L’éditeur mise aussi sur l’intelligence artificielle pour présélectionner les candidatures vidéo
Depuis plus de deux ans, le mobile a détrôné l’ordinateur fixe comme canal privilégié pour surfer. Selon la dernière étude de Médiamétrie, sur les 42,2 millions d’internautes français qui se connectent tous les jours à internet, 30,3 millions le font depuis leur smartphone.
Le recrutement par vidéo ne pouvait rester à l’écart de cette tendance au « mobile first ». Selon Easyrecrue, 52 % des candidats qui se prêtent à un entretien vidéo en différé le font sur smartphone ou tablette. Fin 2015, ils n’étaient que 16 % à utiliser l’application mobile (iOS, Android ou Windows phone) du spécialiste du visio-recrutement.
« Utiliser son smartphone est plus simple pour le candidat, observe Mickaël Cabrol, PDG-fondateur d’Easyrecrue. Pas besoin de configurer la webcam ou de choisir le bon navigateur web, il lui suffit de poser le terminal sur la table. Le rendu des caméras embarquées est aussi de meilleure qualité. »
25 % de temps gagné sur la présélection
En passant par l’application mobile, les candidats gagnent un jour dans la réalisation de la vidéo avec un délai moyen de 2,8 jours en moyenne contre 3,9 jours via un ordinateur. A noter que l’usage mobile est plus répandu dans les pays latins - Espagne (53 %), Italie (52 %), France (51 %) - que dans le nord de l’Europe - Benelux (43 %), Royaume Uni (41 %).
La même tendance à la mobilité s’observe côté employeur avec néanmoins un décalage dans le temps. Lancée en septembre dernier, l’application mobile d’Easyrecrue qui leur est dédiée a déjà convaincu 16 % des recruteurs. « Le recruteur peut visionner les candidatures en déplacement et lire les commentaires de ses collègues, sachant qu’elles sont consultables hors connexion, », avance Mickaël Cabrol.
Une entreprise gagnerait ainsi 25 % sur le temps de présélection. Un gain appréciable dans le contexte de guerre des talents où il s’agit de donner une réponse rapide aux profils particulièrement courtisés. Le recours à l’entretien vidéo étant déjà un élément différenciant dans une stratégie de marque employeur.
Analyser le discours et les expressions du candidat
Pour opérer une présélection automatique des candidatures vidéo, Easyrecrue expérimente les apports de l’intelligence artificielle en matière notamment d’analyse du langage et d’expression gestuelle. Il s’agit, depuis une vidéo, d’évaluer la qualité d’expression du candidat (richesse lexicale, vocabulaire choisi), sa prosodie (débit, tonalité), son attitude (souriant, dynamique, nonchalant…).
S’entraînant à partir de centaines de candidatures, la solution apprend actuellement à reconnaître les postulants qui ont le plus de chances d’être sélectionnés. Elle est déjà d’accord à 70 % avec les choix des recruteurs. « Nous sommes au-delà de l’aléatoire mais notre objectif est de faire monter ce taux de corrélation », assure Mickaël Cabrol.
Easyrecrue a pour cela monté un programme public privé avec Télécom ParisTech et le CNRS et douze clients pilotes expérimentent la solution. Faisant appel aux mécanismes de l’apprentissage automatique (machine learning), elle gagne en performances avec le temps.
Easyrecrue se fixe pour objectif de commercialiser le produit au milieu de cette année. Il s’adressera en premier lieu aux grands groupes qui ont des volumes importants de candidatures et dont la présélection est un enjeu clé.
« L’intelligence artificielle favorise la diversité »
Mickaël Cabrol démine d’emblée les craintes soulevées par le recours à l’intelligence artificielle. « Le principal risque soulevé, c’est qu’il conduise à recruter des clones. Notre expérimentation est en train de prouver le contraire. L’IA amène plus de diversité en prenant en compte davantage de critères au-delà du diplôme et des cinq écoles traditionnellement référencées par une entreprise. »
Par ailleurs, l’algorithme ne se base pas que sur le comportemental. « Quelqu’un de souriant et de dynamique gagne des points mais s’il tient un discours incohérent, sa candidature sera rejetée. » Le modèle sera d’ailleurs coconstruit avec le client qui précisera les critères qu’il souhaite surpondérer ou sous-pondérer. « Un bon commercial pour Axa n’est pas un bon commercial pour Allianz. »
Enfin, Mickaël Cabrol rappelle que le traitement des candidatures vidéo fait suite au tri automatique des CV par mots-clés, déjà entré dans les mœurs. Il assure que la solution sera conforme aux exigences de la Cnil et du règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD).
En parallèle à cette brique d’intelligence artificielle, Easyrecrue lancera un nouveau produit courant de l’été pour étoffer l’offre fonctionnelle de sa plateforme qui propose déjà la conduite d’entretiens vidéo (en live ou en différé), la gestion des événements RH et des tests de langue. Si rien n’est encore acté, il pourrait s’agir d’un chatbot qui informe le candidat sur le périmètre du job à pourvoir, le profil recherché ou le niveau de salaire.
Xavier Biseul