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Jérémy Lamri, Tomorrow Theory : « L’IA bouleversera les interfaces proposées par les ATS »

Cet article est référencé dans notre dossier :
Dossier ATS : la transformation des outils de gestion de recrutement par l'IA


Expert dans l’innovation RH, Jérémy Lamri, CEO de Tomorrow Theory, explique pourquoi le marché des ATS demeure dynamique dans un contexte de transformation générationnelle d’outils de gestion des recrutements.

Interview Jérémy Lamri, Tomorrow Theory : la mutation des ATS face à l’IA (dossier spécial RH Matin) - © Alexis Delespierre, Human DAY
Interview Jérémy Lamri, Tomorrow Theory : la mutation des ATS face à l’IA (dossier spécial RH Matin) - © Alexis Delespierre, Human DAY

Les ATS changent de dimension avec l’IA.

Tomorrow Theory scrute les besoins d’innovation RH pour les dirigeants et les DRH.

Son CEO et cofondateur Jérémy Lamri explique pourquoi, dans cette interview, « l’ATS n’est plus une commode standard mais un énorme dressing ».

Dans quelle mesure le marché des ATS demeure dynamique sur le marché des solutions RH ?

Il existe une pléthore d’outils disponibles qui se revendiquent comme un ATS. On parle de 150 outils disponibles sur le marché. Mais, au regard des diverses configurations avec des éditeurs qui ont vocation à se transformer en véritable ATS, je parlerais de 400 outils potentiels qui évoluent sur ce segment.

Actuellement, les ATS vivent un nouveau cycle avec l’expérience candidat. Ils doivent s’enrichir de solutions pour que le candidat apprécie davantage le processus de recrutement.

Auparavant, les ATS avaient tendance à se concentrer sur la gestion de la base de données dans le sens de la collecte basique d’information concernant les candidats. Dans cette dimension d’expérience candidat, je prendrais l’exemple de la start-up Maki People qui proposent des tests de recrutement.

L’objectif n’est pas uniquement d’intégrer les résultats dans une base de données, mais il faut que le processus plaise au candidat pour qu’il adhère jusqu’au bout pour récupérer le maximum d’informations pertinentes.

L’expérience candidat rend les ATS encore plus essentielle. Ce type d’outils permet de structurer, collecter et organiser la donnée dont on a besoin pour connaître le candidat et mesurer le succès des recrutements.

L’ATS devient une commodité ou un nouveau core RH ?

Auparavant, l’ATS était perçu comme un bloc ou un outil. Je considère que l’ATS devient un système composé de blocs.

Ce cœur permet désormais de collecter les données avec des applications spécialisées autour : marque employeur, sourcing, onboarding… L’objectif est de fédérer ce cœur et ses blocs autour de l’expérience candidat.

L’ATS n’est plus une commode standard mais un énorme dressing.

Maxime Legardez, CEO et cofondateur de Maki, dit que les ATS doivent se réinventer ou disparaître. C’est aussi votre avis ?

Je plussoie. Les ATS ont été conçus comme des solutions logicielles qui permettent de stocker des données et de gérer des processus. C’est une démarche froide.

Mais les candidats recherchant une expérience plus conviviale et plus personnalisée, les ATS doivent repenser leur approche, en ouvrant leurs systèmes à d’autres partenaires spécialisés comme Maki, pour se transformer en vaisseau amiral.

Du point de vue d’un DRH, comment évaluer l’attrait d’un ATS ?

En 10 ans, le marché s’est ouvert aux PME alors que les ATS étaient réservés aux grandes entreprises. Je vois 2 dynamiques dans les cycles d’équipement :

  • les grandes entreprises qui ont besoin d’outils suffisamment robustes pour tenir les dimensions multi-pays, multi-langues, multi-cultures, multi-règlementations… Seuls de gros acteurs comme Workday sont capables d’y répondre, même s’il faudra adapter la configuration de la suite aux activités des clients ;
  • les plus petites entreprises qui n’ont pas besoin de cette complexité. Ils peuvent compter sur l’agilité d’éditeurs de taille plus réduite pour trouver des solutions pré-packagées pour des déploiements rapides et concrètes.

Quelle place de l’IA accordez-vous dans les ATS ?

Ce n’est pas une révolution mais une nouvelle génération d’ATS en cours de gestation avec l’émergence des agents IA. L’IA bouleversera les interfaces proposées par les ATS.

Difficile de savoir le niveau d’investissement qu’il faudra consentir, mais il faudra surtout prendre le temps pour réfléchir aux bonnes pratiques à adopter.

Comment rassurer les entreprises sur la gestion des données par les ATS à l’ère des IA ?

Tous les éditeurs se sont adaptés au cadre du RGPD qui couvre le cycle de vie de la donnée dans les solutions RH comme les SIRH ou les ATS.

L’IA Act, désormais en cours d’application en Europe, est une nouvelle couche de réglementation qui encadre l’exploitation de l’IA.

Il faudra donc se montrer vigilant dans les fonctionnalités intégrées dans les ATS. Ainsi, le tri de CV est considéré comme un usage à haut risque car potentiellement discriminant.

Il sera donc possible de continuer à exploiter ses données à condition d’instaurer des garde-fous et démontrer que l’humain garde le contrôle de la machine à travers des processus de validation.

Concepts clés et définitions : #ATS ou Applicant Tracking System