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StepStone Solutions revendu pour 110 millions d’euros

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Après le rachat de HotJobs par Monster pour 225 millions de dollars le 4 février dernier, une deuxième opération de taille vient d’être annoncée : StepStone a revendu sa division Logiciels RH au fonds d’investissement britannique HgCapital pour 110 millions d’euros

StepStone Solutions fournit une offre complète de logiciels RH couvrant de nombreux processus : recrutement, évaluation de la performance, gestion des compétences, pilotage de la rémunération, plans de carrière et de succession, formation et développement. Cet éditeur compte plus de 1 400 clients de tout secteur d’activité en Europe dont Deloitte, Aviva, LVMH, Volkswagen, Lufthansa, McDonald’s… 30 % des entreprises du CAC 40 en France utilisent une solution de StepStone.

Cette opération marque un tournant majeur dans la stratégie de StepStone. Cet acteur européen du e-recrutement avait construit avec les années une offre équilibrée reposant sur deux piliers : la commercialisation d’annonces sur ses sites emploi et l’édition de logiciels RH. En 2009, ce groupe avait ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 100,1 millions d’euros dont 50,3 millions générés par la branche Logiciels. Avec cette cession, StepStone se sépare d’une division réalisant plus de 50 % de ses revenus.

Toutefois, cette revente n’est pas une surprise. StepStone avait été intégralement racheté en septembre 2009 par le groupe de média d’origine allemand Axel Springer AG. Or ce groupe s’est bâti sur le développement de titres de presse et n’a jamais montré un grand intérêt pour l’univers du logiciel.

Axel Springer recentre ainsi StepStone sur son premier métier : le site emploi. Il réalise aussi une opération financière intéressante : StepStone Solutions est valorisé à 2,19 fois le chiffre d’affaires. Un multiple fort convenable sur un marché des logiciels RH qui a connu ces dernières années en Europe une croissance très limitée. A titre de comparaison, StepStone avait racheté pour 17 millions d’euros l’éditeur de logiciel RH anglais i-GRasp en juillet 2005. Ce dernier réalisait alors un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros… soit un multiple de 2,61 à une époque où les promesses de croissance étaient toutes autres.

Cette revente marque en tout cas la fin d’un modèle misant sur les synergies entre le monde des logiciels RH et celui des sites emploi. StepStone était en effet le seul acteur européen à avoir un chiffre d’affaires réellement équilibré entre ses deux activités. Sur le papier, les deux offres sont remarquablement complémentaires. Les clients sont les mêmes : les départements RH des entreprises. Les cycles d’activités se complètent aussi. En 2009, les sites emploi ont été très fortement touchés par la crise et ont vu leur CA diminuer de 20 à 40 % alors que les éditeurs de logiciels ont bien amorti la chute grâce à leur modèle économique reposant sur des abonnements annuels. 

Mais dans les faits, les synergies tardaient à se mettre en place. Les durées de vente sont par exemple très différentes : une entreprise achète rapidement un pack d’annonces alors qu’elle met plusieurs mois pour choisir le logiciel RH dont elle a besoin. Idem pour les compétences en interne : les éditeurs possèdent de très nombreux développeurs mais peu de commerciaux à l’inverse des sites emploi. En France, les équipes de la division Logiciels RH de StepStone et celles des sites emploi étaient d’ailleurs restées dans des bureaux différents et avaient réalisé peu d’opérations en commun.

Ce rachat marque enfin le retour des grandes manoeuvres sur le marché des e-RH. Après les Etats-Unis avec Monster et l’Allemagne avec StepStone, la France va-t-elle elle aussi connaître des opérations capitalistiques dans les prochaines semaines ? Tout porte à le croire.