Tribune - Le CV est-il voué à disparaître ?
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Les articles annonçant sa disparition se multiplient, mais ne s’agirait-il pas simplement de provocation ? Il ne fait aucun doute que le CV est destiné à évoluer, mais de là à devenir complètement obsolète… les habitudes ont la vie dure
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Le secteur du recrutement aura toujours besoin d’un support tangible et synthétique permettant d’évaluer un candidat. Le CV est néanmoins voué à évoluer. Peut-être reviendra-t-on au sens premier, à l’étymologie du terme : un curriculum vitae, c’est un parcours de vie. Peut-être y mettra-t-on plus d’informations, peut-être sera-t-il structuré différemment ou bien changera-t-il de nom. Mais le fait d’avoir un CV entre les mains ne changera pas. Même la disparition annoncée de la version papier n’est pas une certitude ! Certes minoritaire, elle reste surtout utilisée à l’occasion de salons. Mais dans les faits, beaucoup de CV électroniques sont imprimés pour faciliter la lecture ou simplement par des destinataires n’ayant pas accès à un outil de recrutement ou ne tenant pas à passer toute leur journée devant un ordinateur. Même s’il est interactif, il faut donc toujours penser son CV avec la possibilité de l’imprimer en tête, ne serait-ce que figé sous la forme d’un pdf à lire sur tablette.
Pas de disparition, mais une évolution
La première chose que fait un recruteur quand il reçoit un CV dans le format actuel, ce sont des calculs : il essaie de savoir combien de temps le candidat a passé dans tel secteur, s’il a tendance à rester longtemps en poste, si la somme de ses expériences se traduit par la maitrise de compétences précises, par exemple. Tout cela prend du temps et les moyens digitaux aujourd’hui à notre disposition sont capables de faciliter et d’accélérer cette synthèse visuelle. En particulier, les technologies sémantiques, comme celles de Textkernel, vont permettre de faire ressortir les axes synthétiques d’un parcours.
Les blockchains, l’avenir du CV ?
Un phénomène pourrait très bien bouleverser le CV tel que nous le connaissons : celui des blockchains. Dans ce cadre, on dispose d’une information notariée et certifiée par l’ensemble de la blockchain. Par exemple, une personne pourrait passer un test, et se voir accorder le droit de diffuser les résultats sur son CV par l’éditeur ou le commanditaire du test. Quand on quitte un poste, un certain nombre d’informations sont détenues par l’entreprise. L’idée serait d’en céder les droits à l’individu pour un usage ultérieur, afin de garantir qu’il a bien occupé telle fonction notamment. On pourrait aussi imaginer un indice de satisfaction. Le CV deviendrait alors l’œuvre de plusieurs auteurs avec un droit de distribution. Cela pourrait révolutionner le processus de recrutement : l’individu serait totalement détenteur de ses données personnelles. Il céderait ces informations pendant le processus de recrutement ou pendant la durée de son contrat de travail et pourrait ensuite choisir de les rendre inaccessibles. Les SIRH ne stockeraient les renseignements personnels que pour la durée nécessaire. L’intérêt des jobboards résiderait quant à lui dans leurs qualités marketing et dans l’expérience de recherche plutôt que dans le fait de détenir des données individuelles.
Yves Loiseau, business manager chez Textkernel, société spécialisée dans les technologies du langage et de l’intelligence artificielle.