La fonction RH face à l’IA générative : la transformation désormais active

Après l’engouement du duo IA & RH, place aux prises de position plus sensées pour des déploiements contrôlés. Le problème est de savoir où placer le curseur : jouer la disruption, se contenter du rôle de suiveur voire d’un statut d’observateur.

Car, après la folie de la découverte ChatGPT d’OpenAI remontant à fin 2022, l’IA générative se répand dans les organisations. Mais dans quelle mesure cette vague concerne aussi la fonction RH ? Et, surtout à quel rythme ?

Mais l’un des principales préoccupations des décisionnaires, dont les DRH, est d’appréhender le degré d’acculturation des usages IA au sein des organisations et l’accélération des cycles de renouvellement technologique relatif à l’IA estimés à…2 ans.

SIRH et IA générative : place au déploiement opérationnel

Des éditeurs de solutions SIRH comme SIGMA-RH transforment leurs plateformes en mettant en exergue des fonctionnalités sous l’IA générative. Sachant que l’éditeur de solutions RH d’origine canadienne travaille sur l’IA depuis 2019.

« Chez SIGMA-RH, nous commençons aussi à intégrer l’IA dans l’UI de nos propres solutions. Cela fait l’objet d’une refonte complète », annonçait Patrice Poirier, CEO et fondateur de SIGMA-RH, dans une interview 2024 sur ses projets IA accordée à la rédaction de RH Matin en octobre .

La transformation SIRH & IA se confirme au regard des contributions sponsorisées de Patrice Poirier et de Nawfal Akalai, Directeur Projets SIRH & TMA chez SIGMA-RH, dans le nouveau dossier RH & IA de RH Matin.

« Les IA génératives offrent des possibilités fascinantes pour les SIRH, permettant une personnalisation avancée et une efficacité opérationnelle. Lorsqu’elles sont utilisées avec discernement et pragmatisme, elles ont le potentiel d’accroître l’efficacité des RH tout en enrichissant l’expérience des collaborateurs », indiquait déjà Christian Verhague, Directeur de la transformation Performance RH et Directeur du Conseil SIRH chez Ayming (conseil en performance), dans une contribution sur LinkedIn intitulée « IA générative et SIRH » datée du 15 décembre 2023.

DRH : quelles tâches concernées par l’IA générative ?

Un intérêt vif de de la part des DRH

Dans l’étude « DRH Augmenté » du cabinet d’audit et de conseil PwC (mai 2024), les DRH montrent une certaine appétence vis-à-vis des capacités promises par l’IA générative, en la plaçant en tête du classement des technologies les plus prometteuses.

65 % soulignent le potentiel de l’IA générative pour générer de l’impact pour les RH.

L’intérêt technologique est supérieur à la conception et intégration de systèmes d’automatisation robotisée des processus (RPA pour Robotic Process Automation en anglais) et l’IA « classique ».

Plus récemment, l’enquête « ANDRH Actualité sociale : les (D)RH ont la parole » (accessible en fichier PDF) réalisée auprès des membres de l’association et publiée en octobre 2024,

« La fonction RH va s’emparer de ce sujet en se calant sur le rythme d’acculturation de l’entreprise. Nous voyons déjà le potentiel de l’IA dans le recrutement, la GEPP et l’analyse prédictive pour planifier les activités des équipes », déclare d’Audrey Guidez, Directrice des Ressources Humaines de l’Information du groupe France Télévisions, dans une interview à consulter dans le nouveau dossier IA & RH de RH Matin (mars 2025).

Une professionnelle RH, qui se montre très active au sein de son implication à travers l’ANDRH (à la fois Présidente ANDRH AQUITAINE et membre du bureau national de l’association professionnelle des DRH), dispose d’une vue globale de la transformation de la fonction RH en cours.

Missions RH et IA : haro sur les tâches administratives

• « La fonction RH recouvre 3 principales missions : administration RH, recrutement et gestion des talents. Je ne perçois pas de réticences particulières de leur part à l’adoption de ces nouveaux outils à condition de gagner en efficacité. Au contraire, il existe une vraie demande de la part des DRH pour exploiter l’IA en fonction des usages ;
• Je ne crois pas à un impact des usages IA aboutissant à la réduction du périmètre des équipes RH dans les organisations. Cela permet surtout de générer des gains de temps pour les collaborateurs d’une équipe RH et leur permettre de consacrer du temps à ce qui est la vraie valeur de l’entreprise : l’humain », observe Stéphane Roder, le dirigeant d’AI Builders.

Selon cet expert IA, le plus grand intérêt concerne les gains potentiels à générer sur la gestion des tâches administratives.

• « Le plus grand avantage à tirer profit de l’IA concerne la gestion des tâches administratives. Les DRH ont été déjà été équipés en outils numériques dans le sens de l’automatisation (SIRH, logiciels de paie…). Mais il existe encore beaucoup de démarches manuelles dans la partie administrative, très consommatrices de temps (40 % de son temps de travail). C’est sur cette partie-là qu’il existe vraiment des gains potentiels de performance.
• Certes, on peut souligner des progrès réalisés liés à l’utilisation de la DSN avec des moteurs de règles. D’un autre côté, dans les grandes organisations, on voit encore trop de temps passé à jongler entre 2 écrans à comparer la feuille de salaire d’un collaborateur du mois précédent avec celle à réaliser pour le mois en cours pour détecter des anomalies. Cette tâche fastidieuse peut demander jusqu’à 10 jours de travail par mois dans les grandes entreprises alors qu’il n’y a aucune valeur ajoutée à ce travail », déclare Stéphane Roder.

Agents IA : la prochaine mutation pour les applications RH

Au-delà de l’intérêt porté à l’IA générative, les éditeurs de solutions RH leaders sur le marché regardent déjà un autre horizon : les agents IA avec des acteurs comme Workday en figure de proue.

Une nouvelle génération IA aux capacités d’autonomie élargie par rapport aux assistants IA développés sous des LLM du marché et qui devrait se concrétiser à travers des assistants professionnels plus segmentés, plus verticalisés et donc plus pertinents.

Dans le prolongement de la présentation de ses résultats financiers de son exercice 2025, l’éditeur américain de solutions RH et finance a présenté Workday Agent System of Record, qui permet de gérer le portefeuille d’agents IA (gestion des salaires, des contrats, audits financiers, réglementations…) dans un espace unique.

• « Avec l’IA, nous sommes sur des cycles technologiques de 2 ans. Après l’IA générative, place à la vague des agents IA. Le plus important pour les organisations, c’est de comprendre le ROI potentiel. D’où la nécessité de cartographier les usages de l’Agentic AI, mesurer les enjeux et évaluer le degré de complexité.
• L’introduction d’agents IA dédiés à la fonction RH deviendra indispensable pour simplifier la partie administrative et réaliser des traitements complexes impossibles à réaliser en RPA et jusqu’ici réservé à des humains.
• Les agents IA vont débarquer dans les entreprises à partir du deuxième semestre 2025. Comme les RAG, il faudra attendre 12 à 18 mois en vue d’une généralisation », commente Stéphane Roder au nom d’AI Builders.