Olivier Severyns, Combo : « Le rachat d’Arhia pour la gestion de la paie complète notre vision SIRH »

Quel est l’objectif de l’acquisition d’Arhia par Combo ?

C’est une étape importante pour nous car il s’agit de la première acquisition depuis la création de l’entreprise en 2016 et notre changement de marque en 2022 (de Snapshift à Combo).

En fait, l’acquisition d’Arhia, un logiciel SaaS de paie, remonte à l’été 2024. Mais nous avons choisi de communiquer dessus que maintenant car nous voulions d’abord réussir l’intégration de ce qui est devenu Combo Paie dans notre gamme de solutions.

Nous avions commencé à croiser l’équipe d’Arhia en 2019 et nous avions quelques clients en commun qui faisait leur planning et leur GTA sur SnapShift (notre marque à l’époque) d’un côté et qui faisaient leur paie avec Arhia de l’autre.

• Au départ, je ne voulais pas me lancer dans la gestion de la paie mais nous avions des difficultés d’intégration avec d’autres outils pour des raisons de taille (‘nous sommes trop petits’) ou de concurrence.
• A partir de 2023, j’ai décidé de m’y lancer avec Combo en regardant ce qu’il y avait sur le marché. C’est ainsi que j’ai raccroché les wagons avec Arnaud Benhamdine [ndlr : CEO et cofondateur d’Arhia qui devient Head of Product de la paie de Combo Paie].

En termes d’intégration RH, on parle d’une équipe de 6 personnes du côté d’Arhia passionnées par le sujet de la paie. Elle a développé un logiciel super qui est pensé pour les cas difficiles et atypiques dans des secteurs comme la restauration, le commerce ou le tourisme.

Cette opération de croissance externe fait partie de notre vision SIRH intégrant la gestion des plannings, de la paie et de l’administration des équipes en un seul outil, d’où notre marque Combo qui signifie « global ».

L’intégration avec Arhia est donc bouclée. Exploitez-vous une plateforme unifiée ?

L’intégration de la solution de gestion de paie Arhia dans Combo a commencé dans le sens d’une interface unifiée.

L’objectif est de suivre le processus de préparation de la paie avec prise en compte automatique des modifications des données de part et d’autre. L’export de fichier devient inutile. Cela devient fluide. Néanmoins, nous avons encore beaucoup de travail à réaliser sur l’UX et les automatisations.

Il est désormais possible de produire de la paie à partir de Combo pour le compte de clients. Nous allons leur proposer la gestion de la paie sous 2 formes :

• pour ceux qui veulent l’exploiter en solution externe avec l’appui d’un cabinet d’experts-comptables. Nous sommes en béta-test avec un cabinet de gestion de paie dans ce sens.
• pour ceux qui souhaitent réaliser la paie en interne. Nous proposerons cette version autonome plus tard dans l’année.

Nous sommes en mesure de gérer 20 000 bulletins de paie chaque mois grâce à l’intégration d’Arhia. En l’état actuel, Combo Paie concerne 200 à 300 établissements.

De son côté, Combo dispose de 12 000 entreprises clientes, dont des indépendants, franchises et groupes.

D’ici la fin de l’année, nous souhaiterions que 10 % de notre base globale de clients adoptent Combo Paie.

Votre entrée sur le marché de la paie change-t-elle le modèle économique de Combo ?

Pas tant que cela car la tarification reste toujours liée au nombre d’utilisateurs. Dans notre gamme de solutions, nous proposons plusieurs entrées :

• GTA,
• SIRH,
• Paie.

L’intérêt pour un client pour optimiser l’usage, c’est d’utiliser l’outil de gestion RH Combo avec Combo Paie pour éviter par exemple les doubles saisies de données.

Comment exploitez-vous l’IA ?

Nous menons un POC en interne pour faciliter l’exploitation de la documentation juridique (droit du travail et jurisprudence, conventions collectives, accords d’entreprise…). Les employeurs sont perdus dans ce maquis d’information. C’est sur ce volet que l’exploitation de l’IA peut se révéler pertinente en réalisant des synthèses pour décoder la législation.

Aujourd’hui, j’ai du mal à concevoir l’IA comme une solution pour gérer les plannings.

Vous réfléchissez à d’autres opérations de croissance externe ?

C’est un vrai métier de réaliser des opérations de croissance externe mais je pense que l’on pourrait réitérer l’expérience ultérieurement. Peut-être dans le courant du deuxième semestre 2024.

Nous sommes en veille active en fonction des fonctionnalités que l’on veut ou peut développer en interne ou celles où l’on considère trop complexes. Et du coup, nous allons gagner du temps par acquisition en croissance externe comme Arhia.

Comment évolue votre champ de la concurrence avec la nouvelle brique paie ?

Avec l’ensemble de nos fonctionnalités, nous devenons potentiellement des concurrents de Payfit ou de Silae. Sachant que les éditeurs de solutions de paie ont tendance à monter sur la GTA ou le SIRH.

Mais, en réalité, c’est compliqué de savoir comment le périmètre de la concurrence va évoluer. Nous visons plutôt des cibles de petites entreprises ou de secteurs mal desservis par des concurrents et leurs solutions trop onéreuses, trop complexes ou mal pensées.

Vous avez levé 40 millions d’euros en 2022. Comment évolue votre marge de manœuvre financière ?

Nous allons atteindre l’équilibre financier d’ici fin 2025. Cela va nous donner une certaine marge de manœuvre avec la possibilité de faire rentrer de nouveaux investisseurs.