Evaluation des langues : Lingueo dévoile l’E-LATE, sa première brique dans l’IA
Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning
Avec l’appui de Luc Julia (co-créateur de Siri), Guillaume le Dieu de Ville et Arnaud Portanelli ont présenté « le premier test d’évaluation linguistique par l’IA ». Entre perspectives de Lingueo et souvenirs de la Silicon Valley…
Le premier étage du Café de Flore était bondé lundi soir (18 novembre 2024) pour l’afterwork de Lingueo qui lançait l’E-LATE, présenté comme le premier test d’évaluation linguistique par l’IA.
De manière surprenante, la start-up, pionnière française dans l’enseignement des langues en visioconférence, a accueilli un expert de renom dans la sphère IA lors de cette petite convention organisée dans la brasserie parisienne réputée du Boulevard Saint-Germain :
Luc Julia, ingénieur et informaticien français spécialisé dans l’IA et co-créateur de l’assistant vocal Siri que les détenteurs d’iPhone d’Apple connaissent bien.
On comprendra les raisons de sa présence ultérieurement.
E-LATE par Lingueo : « Une expérience d’évaluation sur mesure »
Editeur de la certification LILATE (pour LIVE LANGUAGE TEST, un test d’aptitude à travailler dans une langue étrangère) et certificateur depuis 2017, Lingueo a présenté ce qu’il appelle un bond technologique avec l’E-LATE (pour « Évaluation Linguistique Assistée par Technologie d’IA »).
« Ce projet a été initié en 2023. C’est la première brique de notre entrée dans l’ère de l’IA », annonce Guillaume le Dieu de Ville, cofondateur de Lingueo.
Voici le point de départ du développement d’E-LATE pour transformer la formation à travers l’IA : comment cartographier les compétences linguistiques de chaque collaborateur en entreprise ?
L’E-LATE se présente comme le premier test de positionnement linguistique conçu pour répondre aux besoins spécifiques des professionnels.
Il permet de créer et d’évaluer une relation entre les compétences opérationnelles linguistiques d’un individu et son métier pour mieux piloter la politique de formation en entreprise.
Disponible en 12 langues* pour son démarrage, l’évaluation dure 30 minutes et couvre 4 dimensions : compréhension écrite et orale, expression écrite et orale.
Les niveaux de difficultés s’adaptent en fonction des réponses du candidat et des mises en situation professionnelle.
« Pour le pilote, nous nous concentrons sur les 6 premières langues », précise Guillaume le Dieu de Ville. 7 clients de Lingueo se retrouvent dans la boucle d’E-LATE en l’état actuel.
*Les 12 langues d’E-LATE par Lingueo : anglais, italien, espagnol, allemand, portugais/portugais brésilien, français, hébreu, arabe, russe, chinois, japonais, coréen.
3 cas d’usage d’E-LATE
• Formation professionnelle : identification des compétences linguistiques à acquérir pour piloter les politiques de formation.
• Recrutement : attestation du niveau linguistique des candidats et évaluation des compétences spécifiques pour des postes clés.
• Gestion RH : permet de tester le niveau des candidats et d’orienter les actions de formation.
E-LATE disponible pour les clients et les partenaires
Le coût d’accès à E-LATE se veut « abordable » : moins de 50 euros par test mais dégressif avec le volume.
« Il n’existe pas d’autres frais. Pour les entreprises, il y a aussi la mise à disposition de la plateforme pour la cartographie, l’analyse et la gestion et la personnalisation ainsi que des outils d’aide à la décision pour le recrutement et la formation », assure Guillaume le Dieu de Ville.
Lingueo pense aussi à son réseau de 300 partenaires LILATE, qui disposeront des mêmes fonctionnalités que les entreprises.
« De plus, pour chaque achat de LILATE sera attaché un E-LATE permettant au candidat de se positionner en début de parcours », précise le dirigeant.
L’E-LATE « complémentaire » de LILATE
« L’E-LATE a vocation à être complémentaire de LILATE. Nous sommes dans un usage de positionnement et non de certification qui se veut plus standardisé et avec une interaction humaine »», indique Guillaume le Dieu de Ville.
• La certification LILATE est enregistrée au Répertoire Spécifique de France compétences.
• Chaque année, Lingueo fait passer 20 000 certifications pour tester les compétences linguistiques de candidats ou d’employés.
Derrière E-LATE, un « moteur IA agnostique »
L’E-LATE, qui s’appuie sur le référentiel du LILATE, est aussi en phase avec le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) mais l’approche a été dépoussiérée.
« Il y avait un besoin : dans les langues, il y a des normes comme le CECRL qui ne veulent rien dire. C’est trop large, trop illisible et ce n’est pas opérationnel pour un recruteur en fonction de ses problématiques métier », estime Arnaud Portanelli, le deuxième fondateur de Lingueo.
« Il manquait aussi un degré de granularité criant. Nous avons regardé tout ce qui se fait sur le marché. C’était comme peindre avec un gros rouleau plutôt qu’avec un pinceau fin. Les technologies utilisées actuellement ne le permettaient pas. C’est pour cela que nous avons commencé à travailler sur notre propre moteur IA », explique Guillaume le Dieu de Ville.
L’E-LATE est censée répondre à toutes ces lacunes en s’appuyant sur l’accélération des progrès observés dans l’IA (ou plutôt les IA si l’on se réfère au fameux ouvrage didactique de Luc Julia publié en 2019 : « L’intelligence artificielle n’existe pas » ).
« Notre moteur IA a été pensé sous un angle agnostisque. Nous utilisons sur chaque modalité (audio, écrit…) et pour chaque tâche (génération, analyse…) des socles différents : SLM et LLM en mode open source ou propriétaire issus d’OpenAI, de Mistral AI et d’autres », explique Guillaume le Dieu de Ville.
Prochaine étape prévue dans cette exploration de l’IA par Lingueo : la recommandation de parcours de formations personnalisés.
Luc Julia et Lingueo : le mystérieux lien dévoilé
Petit flash-back au cours de la soirée au Café de Flore.
Cofondateur et VP R&D de BravoBrava du nom d’un incubateur technologique installé dans la Silicon Valley (période 2000-2010), Luc Julia accueillait régulièrement de nouvelles recrues dans ses labos de Palo Alto dont des stagiaires français.
Comme…Guillaume le Dieu de Ville et Arnaud Portanelli.
- « Quand j’ai embauché ces 2 gars entre 2004 et 2005, c’étaient certainement les stagiaires les plus créatifs. Pourtant, j’en ai connu des centaines d’autres.
- Nous avons travaillé sur un logiciel de reconnaissance de la parole [SpeakESL] pour ordinateur destiné à améliorer la qualité de lecture des enfants. En fonction de la manière dont un enfant lisait un texte à haute voix, il disposait d’une évaluation basique avec des codes en couleur.
- C’était une révolution : le logiciel écoutait et le système avait l’air intelligent. C’était déjà de l’IA à l’époque. On me soûlait déjà avec cela, même si elle était complètement idiote », se rappelle Luc Julia en tenant une peluche mascotte de SpeakESL sous forme de chouette remise dans ses mains dans le Café de Flore.
Vingt ans plus tard, le trio s’est reformé pour cette soirée parisienne.
Guillaume le Dieu de Ville et Arnaud Portanelli, qui ont revêtu pour l’occasion des pseudo-chemises hawaïennes (le dress code de Luc Julia), se souviennent aussi de leur passage dans la Silicon Valley, photos d’archive à l’appui. « A l’époque, nous travaillions sur beaucoup de projets, notamment sur les interfaces homme-machine. »
Il reste un mystère à percer : quel est le lien entre Luc Julia et l’actualité de Lingueo autour d’E-LATE ?
- « Il y a un peu moins d’un an, nous nous sommes revus avec Luc pour parler de la stratégie de Lingueo et de notre arrivée dans l’IA.
- Il a accepté de prendre la présidence de notre comité stratégique et de nous challenger sur la feuille de route d’innovation », révèle Guillaume le Dieu de Ville.