Jenji lève 6 millions d’euros et part à l’assaut de l’Europe
Le | Logiciels de paie
Après une première levée de fonds d’1 million d’euros en 2017, Jenji, dont la solution basée sur l’intelligence artificielle, améliore la gestion des notes de frais, vient de boucler un tour de table de 6 millions auprès d’Idinvest et de l’accélérateur BtoB Axeleo. Quels projets la fintech, créée en 2015, va-t-elle mener avec ce capital ? Rencontre avec Pierre Queinnec son co-fondateur.
Quelle est la genèse de Jenji ?
Avant Jenji, j’ai créé deux ETI et j’ai toujours rencontré des problèmes de notes de frais, même en utilisant des solutions majeures du marché. Je pense notamment aux mauvaises connexions aux ERP et à la quantité d’opérateurs impliqués (manager, comptabilité, contrôle de gestion…) Je trouvais que cela nécessitait trop d’interventions humaines. En 2015, mon associé Nicolas André et moi-même avons donc imaginé une solution avant tout adaptée aux ETI et aux grands comptes : une plateforme 100 % cloud à même de traiter de gros volumes de notes de frais, de leur transmission à l’archivage en passant par le contrôle nécessaire pour chacune d’entre-elles. Notre volonté était de faciliter les intégrations aux ERP comptable, de paie, de facturation… pour automatiser et sécuriser un maximum d’opérations. Nous avons donc développé des applications mobiles natives qui permettent de numériser, de déclarer et de traiter en temps réel les notes de frais. Elles permettent de diviser par deux, en interne, les ressources nécessaires à leur vérification.
Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?
Jenji n’est pas le complément d’une solution de gestion, mais un outil qui traite exclusivement des notes de frais. Avec notre application, l’utilisateur les déclare par le biais d’une simple photo. L’intelligence artificielle de type deep learning que nous avons développée en extrait toutes les données (lieu, prix, date…). Ces dernières s’importent ensuite directement dans tous les logiciels de comptabilité et de paie du marché. Une fois les notes de frais envoyées, elles peuvent être immédiatement jetées puisqu’elles sont, par l’intermédiaire de notre partenaire Docapost, automatiquement dématérialisées et placées dans un coffre-fort électronique à valeur légale et fiscale. Côté authentification, notre workflow DRAW (Dynamic Realtime Approval Workflow) facilite leur validation en masse en mettant seulement en exergue les éventuelles fraudes identifiées. Enfin, notre outil peut être configuré selon les règles de gestion comptables, par filiale et par pays, et calculer tous les remboursements selon la devise de référence de l’entreprise.
Comment allez-vous investir les 6 millions d’euros que vous venez de lever ?
Nous comptons 4000 clients dont AG2R La Mondiale, Helvetia, Losinger Marazzi…, 120 000 utilisateurs actifs tous les mois et enregistrons une croissance mensuelle de 12 à 17 %. Notre ambition est de nous déployer à travers l’Europe, notamment en Suisse et au Luxembourg, où nous avons déjà des clients, mais aussi en Allemagne. Nous souhaitons également gagner du terrain en France où nous avons d’ailleurs plus d’une vingtaine de postes à pourvoir d’ici la fin de l’année (chef de projet, ingénieur, commercial…). Ensuite, notre avons une stratégie en R&D très importante, portée par la volonté d’être l’application leader dédiée aux notes de frais en Europe. Avec une version gratuite pour les freelances et les indépendants, téléchargeable sur le store, nous sommes constamment jugés, notés. Ce regard quotidien sur notre solution implique nécessairement une démarche qualitative et un investissement produit important.
Par Gérald Dudouet