Confinement 3 : une nouvelle couche sur « le télétravail à pousser au maximum »
Par Philippe Guerrier | Le | Bien-être au travail
« Au moins 4 jours sur 5 en télétravail, c’est l’objectif à atteindre » selon le Premier ministre Jean Castex, qui a officialisé de nouvelles mesures de confinement avec des impacts sur l’organisation du travail face à la propagation Covid-19.
C’est parti pour une troisième variante de confinement à partir de ce soir (vendredi 19 mars 2021) avec 16 départements « mis en cloche » pour endiguer la propagation de l’épidémie Covid-19 : 8 départements d’Ile-de-France, 5 en Hauts-de-France, Alpes-Maritimes, Seine-Maritime Eure.
La durée minimum est prévue pour quatre semaines avec des mesures de restrictions de déplacements :
- les écoles restent ouvertes ;
- seuls les commerces de première nécessité restent ouverts, en intégrant les coiffeurs et les libraires ;
- il est possible de s’aérer sans limite de durée dans un rayon de 10 km ;
- le système d’attestations/dérogations est relancé dans les territoires concernés ;-
- le couvre-feu est maintenu au niveau métropolitain mais retardé à 19h « afin de tenir compte du passage à l’heure d’été ».
Lors de son point presse Covid-19 organisé hier soir (18 mars), le Premier ministre Jean Castex a fourni quelques éléments de cadrage sur l’impact sur la vie professionnelle des Français, notamment :
- interdiction des déplacements inter-régionaux pour les habitants des territoires concernés sauf pour motifs impérieux ou professionnels ;
- maintien de l’objectif de 4 jours de télétravail sur 5 pour les salariés.
Télétravail : Au moins 4 jours sur 5 en télétravail
« Au-delà de ces mesures régissant les déplacements personnels, nous devons également être très vigilants sur les risques de contamination sur les lieux de travail », évoque le Premier ministre en s’appuyant sur une étude réalisée par l’Institut Pasteur : le cadre des environnements professionnels représente 29 % des cas identifiés.
« Cela plaide pour que dans les prochaines semaines, toutes les entreprises, toutes les administrations qui le peuvent poussent au maximum le télétravail, tout en maintenant toujours une journée sur place pour les salariés qui le souhaitent. Au moins 4 jours sur 5 en télétravail, c’est l’objectif qu’il faut atteindre et, reconnaissons-le, beaucoup d’entreprises en sont encore loin aujourd’hui. »
Les statistiques, fournies fin janvier par le gouvernement et issues d’une étude Harris Interactive réalisée pour le ministère du Travail, montrait un certain relâchement :
- Du 18 au 24 janvier 2021, 64 % des salariés interrogés déclarent avoir travaillé à distance et 36 % se sont rendus sur leurs lieux de travail ;
- Début novembre 2020, la situation était plus nette à propos du respect des consignes gouvernementales : 70 % se sont déclarés en télétravail et 30 % sont retournés au bureau.
« Cela plaide aussi pour être plus attentifs aux conditions dans lesquelles se font les déplacements entre le domicile et le travail. L’étude Pasteur que j’évoquais tout à l’heure montre que la fréquentation des transports en commun serait moins à risque que le co-voiturage », a déclaré Jean Castex.
Vigilance avec la pause déjeuner
Le Premier ministre appelle à la prudence pour se rendre à son travail et des lieux de regroupements associés. « Cela plaide enfin pour que les salariés qui ont le moindre symptôme de la maladie ne se rendent pas au travail. Cela peut sembler évident mais nos données statistiques montrent que ce n’est pas toujours le cas : près de la moitié des contaminations en milieu professionnel sont causées par des personnes qui sont venues travailler alors qu’elles étaient déjà symptomatiques. »
Le moment des repas sur les lieux de travail est perçu comme comme une source de risque, alors qu’il est possible de déjeuner à son bureau par dérogation. « J’ai demandé à la ministre du Travail et à la ministre de la Transformation et de la Fonction publique d’établir d’ici le début de la semaine prochaine, après concertation avec les partenaires sociaux, un protocole significativement renforcé pour la restauration collective en entreprise. »
ANDRH : d’accord sur le principe du télétravail au maximum mais…
En réaction à l’intervention de Jean Castex, Benoît Serre, vice-président national délégué de l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines), qualifie sur France Info « d’assez injuste de dire que les entreprises ne font pas d’effort » à propos du télétravail.
« Il y a beaucoup d’entreprises qui ont joué le jeu et qui étaient confrontées dans le même temps à des salariés qui ont demandé à revenir. Le “tout télétravail” n’est pas bon pour les salariés et n’est pas très bon pour les entreprises non plus. C’est un équilibre d’intérêt entre les deux. Il impacte la productivité collective, c’est-à-dire le fait de travailler ensemble », a expliqué Benoît Serre.
Par ailleurs, le télétravail « désorganise quand même un peu l’entreprise », mais « ce durcissement sera sans doute moins traumatisant sur le plan de l’organisation que le premier confinement, on sait comment ça marche, les gens ont des réflexes », a-t-il ajouté.
D’un point de vue collectif et sur un plan sanitaire, « tout le monde est d’accord pour le télétravail au maximum », mais « sur le plan individuel, vous gérez des cas de gens qui vous disent 'je veux revenir, j’en peux plus », considère Benoît Serre.