Drame Pôle emploi : l’émotion prédomine dans la sphère RH
Par Philippe Guerrier | Le | Bien-être au travail
Après le double assassinat d’une conseillère de Pôle emploi et d’une DRH d’entreprise dans la Drôme, les réactions s’accumulent face aux risques de tensions extrêmes susceptibles d’affecter la fonction RH.
Il reste encore des zones d’ombres dans les gestes meurtriers accomplis par un homme originaire de Nancy, ingénieur sans emploi, âgé de 45 ans…Pourquoi avoir visé une agence Pôle emploi puis une DRH d’entreprise ? Rappel des faits :
- Hier matin (28 janvier), l’individu a tué par arme la conseillère Patricia Pasquion dans une agence Pôle emploi de Valence (Drôme). Puis, il s’est rendu à Faun Environnement dans une commune à proximité (Guilherand-Granges). L’ingénieur, qui avait travaillé dans cette entreprise de collecte des déchets, a tiré à deux reprises sur la DRH Géraldine Caclin, qui est décédée peu après.
- Par la suite, l’homme suspecté a été interpellé par la police alors qu’il avait repris la route. Fait étrange associé aux premiers éléments de l’enquête : le procureur de la République de Valence n’exclut pas un lien avec l’assassinat d’Estelle Luce, responsable RH chez Knauf, à Wolfgantzen (Haut-Rhin) qui s’est produit le 26 janvier dernier.
Ces actes ont ému les agents de Pôle emploi et la communauté des responsables RH des organisations.
« Les agents de Pôle emploi ont fait preuve de beaucoup de courage et de sang-froid et cela a permis d’arrêter ce tueur. J’apporte tout mon soutien aux équipes de Pôle emploi qui font un travail formidable au quotidien pour accompagner les demandeurs d’emplois, ce qui est essentiel dans la crise que nous traversons », déclare Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, qui s’est rendue hier à Valence auprès des salariés de Pôle emploi de l’agence concernée. Elle s’est ensuite déplacée à Guilherand-Granges, dans l’entreprise où est survenu le deuxième drame.
En guise de solidarité, les agences de Pôle emploi ont été fermées aujourd’hui (29 janvier) partout en France, annonce la direction générale de l’agence publique pour l’emploi.
« Un soutien psychologique a d’ores et déjà été proposé aux agents. En solidarité avec la famille de la victime, ses proches et l’ensemble de ses collègues, une minute de silence sera respectée à midi dans tout l’établissement. Ce temps permettra aux équipes de Pôle emploi de se recueillir. »
Les réactions s’enchaînent
La CGT Pôle emploi, la Fédération nationale des personnels des organismes sociaux CGT et l’Union fédérale des syndicats de l’Etat CGT ont exprimé leur sidération.
« Dans ce contexte de crise sanitaire, sociale et économique, les situations d’accueil dans les services publics sont particulièrement difficiles. La misère sociale et le désespoir d’une partie de la population peuvent malheureusement engendrer ces passages à l’acte. Un drame a été évité récemment ce 14 janvier au Pôle emploi de Toulouse. »
De son côté, l’ANDRH rappelle « l’engagement constant des DRH pour assurer à la fois la protection des collaborateurs et le fonctionnement de leur organisation ». Tout en poursuivant : « Au vu du contexte social et économique actuels, les DRH devront faire face à des situations personnelles et humaines difficiles. »
« Les DRH sont devenus la personnification des plans sociaux. Ils sont en première ligne et font l’objet d’agressions de plus en plus violentes, malheureusement, parfois mortelles », commente Laurent Combalbert, négociateur professionnel issu du RAID devenu expert en gestion de crise et négociations complexe dans les organisations à travers The Trusted Agency.
« Dans ces périodes de tension extrême, un soutien par des expertises éprouvées en intelligence émotionnelle et gestion de crise est devenu aujourd’hui indispensable pour éviter le pire et réussir à négocier dans le respect. »