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Recrutement dans la Marine nationale : « Le cap a été maintenu malgré la crise Covid-19 »

Par Philippe Guerrier | Le | Marque employeur

La Marine nationale est confrontée à une hausse constante du volume de recrutement. On parle de 4000 marins en 2021. Le point avec le lieutenant de vaisseau Etienne Baggio, chef du bureau marketing RH du SRM.

Etienne Baggio, chef du bureau marketing RH du service de recrutement de la Marine nationale - © D.R.
Etienne Baggio, chef du bureau marketing RH du service de recrutement de la Marine nationale - © D.R.

« La Marine nationale renouvelle 10 % de son volant RH chaque année. Sachant que la moyenne d’un engagement est de près de 15 ans », évoque le lieutenant de vaisseau Etienne Baggio, chef du bureau marketing RH du service de recrutement de la Marine nationale.

Le recrutement de marins représente un enjeu crucial pour la Défense nationale et pour l’ensemble des armées (voir encadré en bas de l’entretien).

Ce qui nécessite un effort de créativité de communication face aux métiers pénuriques traditionnels mais aussi aux nouveaux débouchés dans le numérique (la cybersécurité par exemple).

Quels sont les enjeux actuels de recrutement de la Marine nationale ? 

Pour recruter 4000 marins chaque année, le processus est réalisé, selon une logique de flux tout au long de l’année dans un contexte de fort taux d’engagement des marins.

La Marine nationale a un impératif de jeunesse. Ainsi, la moyenne d’âge d’un équipage sur un navire de la Marine nationale (sous-marin, frégate…) est de 28 ans. Avec des périodes de 4 à 5 mois passées en mer pour les grandes unités de combat comme le groupe aéronaval, constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle. 

Actuellement, la Marine nationale emploie 39 000 militaires.

Depuis trois ans, nous observons une montée en puissance progressive du volume de recrutement en passant de 3500 en 2018 à 4000 sur 2021, conformément à la loi de programmation militaire renforçant le modèle de nos Armées. 

En fonction de la typologie des profils recrutés et de la catégorie de grades, la Marine nationale oriente les candidats vers quatre grandes écoles avec des phases de formations de durée variable, allant de quelques semaines à plusieurs années :

  • École des mousses (formation ouverte dès la 3e),
  • École des matelots pour les opérateurs,
  • École de maistrance pour les techniciens (formations ouvertes à partir du bac),
  • École navale pour les officiers (à partir de BAC+3).

Les formations des différentes spécialités peuvent être très importantes et pointues comme la formation des membres d’un équipage d’un sous-marin nucléaire en raison des hautes technologies mises en œuvre.

Nous menons notamment des campagnes publicitaires nationales par période, en coordination avec les autres armées. Ainsi, en 2021, la Marine nationale a eu 4 temps forts de 3 semaines. 

Dans le courant de l’année, le service de recrutement de la marine (SRM) a changé de stratégie afin de développer une véritable marque employeur avec une nouvelle agence de communication RH : RADANCY [ndlr : ex-TMP Worldwide France].

Cette campagne, qui porte la signature « Rares sont les métiers qui vous emmènent aussi loin », repose sur 3 piliers :

  • la diversité de métiers responsabilisants,
  • des formations qualifiantes et rémunérées accessibles à tous,
  • des nombreuses possibilités d’évolution tout au long de la carrière.

Recrutement Marine nationale : exemple de campagnes de communication - © D.R.
Recrutement Marine nationale : exemple de campagnes de communication - © D.R.

Dans les douze domaines d’activités de la Marine nationale, quels sont les métiers sous tension ? 

Nous souhaitons que les recrutements se passent bien dans chacun des domaines. C’est important pour mener à bien les opérations en mer. Un navire de guerre ou une unité de la Marine comme un sous-marin représente un environnement RH autonome et complet. Il faut à bord : des cuisiniers, des logisticiens, des informaticiens, des métiers du soutien etc. Chaque poste est essentiel au bon fonctionnement du bateau.

Nous sommes confrontés à des réalités du marché du travail avec des filières sous tensions, notamment dans l’IT. Il existe une certaine concurrence dans des domaines comme l’aéronautique ou le nucléaire. Il existe aussi des métiers pénuriques plus traditionnels comme celui de la restauration.

C’est un véritable challenge car les métiers se transforment également. Ainsi, aujourd’hui, les fonctions d’un mécanicien en charge de la propulsion des bateaux tendent vers l’électro-mécanique. L’arrivée par exemple des moteurs électriques sur les navires représente une véritable évolution, pour les métiers liés à la propulsion et la production d’énergie.

L’un des principaux points sur lesquels la Marine nationale se distingue sur le marché de l’emploi est la formation initiale que nous prenons en charge à 100 %, et ce, dès l’engagement.

Tout jeune passe par une de nos écoles, avec un salaire et un logement dès leur rentrée sur les bancs. 

Les douze domaines d’activités de la Marine nationale

• Opérations navales,
• aéronautique navale,
• navigation et manoeuvres,
• mécanique et maintenance,
• plongée,
• nucléaire,
• sécurité,
• protection,
• soutien,
• systèmes d’information et de communication,
• cybersécurité,
• restauration

Sur le rythme de recrutement à respecter, avez-vous ressenti des tensions particulières à cause de la crise Covid-19 ?

Le SRM a atteint ses objectifs de 4000 recrutements sur l’année 2021. Néanmoins, avec la crise, nous avons adapté nos méthodes de travail en termes de sourcing et de démarchage auprès des jeunes.

Typiquement avant la crise Covid-19, les conseillers en recrutement réalisaient beaucoup de conférences et des événements en présentiel dans les écoles et les universités pour garder le lien avec la jeunesse. Le SRM a dû digitaliser nombre de processus, notamment en développant la vidéo visioconférence, et en investissant dans le marketing digital.

La Marine a une très bonne notoriété mais nous manquons de visibilité sur nos opportunités de carrières.

Nous nous appuyons également sur notre site carrière EtreMarin.fr et sur l’action sur le terrain, des 59 Centres d’information et de recrutement des forces armées (Cirfa) localisés en métropole et en Outre-mer, qui sont restés ouverts malgré la crise sanitaire. 

Quels outils digitaux exploitez-vous pour le recrutement ?

  • Il est possible de retrouver les offres d’emplois de la Marine sur les principaux job boards comme Pôle emploi, Indeed ou encore Welcome to the Jungle, etc.
  • Nous montons également des salons avec des partenaires comme Studyrama et L’ETUDIANT.
  • Sur le site carrière EtreMarin.fr, cœur du dispositif digital de recrutement, vous trouvez un espace de « foire aux questions ». Ce forum digital : « Echanger avec nos ambassadeurs », véritable espace de dialogue avec les marins, a été montée par la société PathMotion [ndlr : start-up franco-britannique qui exploite une plateforme conversationnelle en marque blanche avec de l‘IA et qui a récemment été acquise par la société technologique australienne PageUp].
  • Le SRM travaille aussi avec une autre start-up française My Job Glasses qui constitue un réseau social de mentorat pour prendre contact avec des marins issus des forces avant d’initier une démarche de recrutement. 
  • En interne, le SRM travaille avec une start-up SCOPTALENT spécialisée dans le pilotage de viviers et la gestion des candidatures.

Pour 2022, il existe un vrai enjeu pour exploiter les leviers des réseaux sociaux grand public de type Instagram ou TikTok pour se rapprocher davantage des plus jeunes. Ce sont des nouveaux territoires à investir.

La Marine nationale est déjà présente sur des comptes Facebook et LinkedIn et nous allons ouvrir un compte « La Marine recrute » sur Instagram prochainement.

Armées : le premier recruteur de l’État

Le ministère est un employeur incontournable pour la jeunesse avec un volume de plus de 26 000 recrutements par an (civils et militaires). 

Nous sommes le premier recruteur de l’État avec la suivante pour les militaires :
• l’Armée de terre recrute 16 000 soldats,
• la Marine nationale 4 000 marins,
• l’Armée de l’air 3000 aviateurs.

Au sein du ministère des Armées, chaque armée a la responsabilité de son recrutement et de la formation qui permet de prendre en compte les métiers spécifiques des Armées et des différents profils recherchés.

Découvrez l’intégralité de l’interview diffusée le 14/12/2021 sur News Tank RH (accès par abonnement)