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IA générative : quelle stratégie pour les DRH groupes ?

Par Philippe Guerrier | Le | Marque employeur

Sur VivaTech, un plateau d’Impact AI a permis de réunir 3 DRH groupes - Bouygues, AXA France et BNP Paribas - sur le thème « IA au travail : évolutions des métiers et des compétences ». Avec en prolongement l’intervention de ManpowerGroup.

« IA au travail : évolutions des métiers et des compétences » : débat à VivaTech avec 4 experts RH - © D.R.
« IA au travail : évolutions des métiers et des compétences » : débat à VivaTech avec 4 experts RH - © D.R.

Il est rare de trouver un panel de 3 DRH de groupes français importants qui évoquent leur exploration de l'IA générative.

Dans une courte séquence organisée le 23 mai 2024 sur le stand du Groupe Bouygues dans le cadre du récent salon technologique parisien VivaTech, le think tank Impact AI, présidé par Christophe Liénard (parallèlement Directeur Central de l’Innovation du groupe Bouygues), a réuni 4 experts RH pour débattre du thème suivant : « IA au travail : évolutions des métiers et des compétences ».

  • Sofia Merlo, Directrice des ressources humaines de BNP Paribas ;
  • Alain Roumilhac, Président Europe du Sud de ManpowerGroup ;
  • Jean-Manuel Soussan, DGA et DRH du groupe Bouygues ;
  • Amélie Watelet, DRH d’AXA en France.

(de gauche à droite sur la photo d’illustration)

BNP Paribas : l’IA, « un super assistant pragmatique »

  • « Au sein du groupe, nous avons 300 métiers qui travaillent sur la manière d’améliorer la relation client à travers l’IA générative. C’est un super assistant pragmatique, notamment pour les équipes RH.
  • Il faut se montrer vigilant pour son exploitation sécurisée au sein d’un groupe bancaire car nous traitons des données sensibles de nos clients. Les questions de cybersécurité, mais aussi d’éthique sont importantes. La régulation de l’IA par l’éthique ou par le superviseur règlementaire impactera forcément les usages en fonction des secteurs d’activité.
  • Pour démystifier l’IA générative, nous avons lancé, en avril, des modules d’acculturation à destination de nos 180 000 collaborateurs pour leur expliquer ses forces et ses limites. Je vois deux usages différents de l’IA qui permettront de développer de nouvelles compétences :
    • comment utiliser l’IA dans les outils bureautiques ? Jusqu’à fin 2024, nous testons Microsoft Copilot, qui est une sorte de super assistant. Nous cherchons à déterminer pour quels usages et sur quels types de postes les fonctions d’IA génératives sont utiles ;
    • comment travailler sur ces cas d’usages pour le compte de nos clients ? Nous sommes vigilants sur les données dans notre infrastructure qui sont placées dans notre propre cloud », déclare Sofia Merlo, Directrice des ressources humaines de BNP Paribas.

AXA France : lancement d’une « version sécurisée de ChatGPT »

  • « 35 % de nos collaborateurs ont déjà recours à l’IA. Ils font des tests et apprennent à formuler des prompts. C’est la meilleure façon d’avancer et d’industrialiser, quand cela fonctionne.
    • Nous avons lancé une version sécurisée de ChatGPT au sein d’AXA pour garantir la protection des données. Et nous avons accompagné les collaborateurs dans leur montée en compétences en termes de vulgarisation et d’expertise plus poussée pour un usage au quotidien.
  • Chacun doit bénéficier de cette évolution IA sur un certain nombre de tâches. Par exemple, nos équipes RH ont établi des cas d’usages comme des synthèses pour les entretiens de recrutement. L’IA générative peut être fédératrice, à condition de rassurer les utilisateurs avec les démonstrations. Au niveau des sujets RH, nous menons beaucoup de tests en guise de challenges, afin de voir si les solutions tiennent la route et se révèlent intègres.
  • Avec la montée en compétences progressive et de la pratique, nous serons au rendez-vous pour rassurer pleinement les utilisateurs. À cet égard, les questions des collaborateurs sont légitimes et le dialogue social avec les représentants des salariés est fondamental.
  • Nous travaillons aussi à l’élaboration de chartes pour appréhender l’IA générative. Nous voulons prouver que la maîtrise de ces technologiques crée de la valeur et qu’elle ne remplacera pas le travail humain. Les dimensions d’activités à valeur ajoutée et d’éthique sont importantes », déclare Amelie Watelet, DRH d’AXA en France.

Groupe Bouygues : « L’IA pour mieux réfléchir »

  • « L’arrivée fulgurante de l’IA générative a des impacts dans divers domaines. Par exemple, dans la relation client chez Bouygues Telecom, avec des collaborateurs augmentés, c’est-à-dire plus rapides, plus efficients et plus efficaces, ou dans le monde des médias, sur le métier des traducteurs. Mais tous les métiers ne sont pas concernés, comme ceux de production sur les chantiers de BTP. La force physique est encore nécessaire.

  • Il faut démocratiser l’IA au sein des entreprises. En s’y mettant, les usages entrent rapidement dans le quotidien des personnes. L’IA nous permettra de mieux réfléchir. C’est une chance et une vraie opportunité qui sera génératrice de nouveaux emplois, sans forcément passer par des réductions drastiques de postes. Faisons confiance à l’humanité apprenante pour l’apprivoiser. Cela permettra aux entreprises d’être plus performante », déclare Jean-Manuel Soussan, DGA et DRH du groupe Bouygues.

ManpowerGroup : la nécessaire « démystification de l’IA »

« Il y a un enjeu sur la démystification de l’IA. Il faut :
• rassurer les personnes qui perçoivent uniquement les risques et considèrent être une variable d’ajustement dans la mise en œuvre de l’IA,
• sensibiliser tout le monde pour éviter que cette technologie reste un sujet d’expert,
• anticiper cette évolution avec les équipes RH des entreprises et s’adapter dans les trois ans à venir », déclare Alain Roumilhac, Président Europe du Sud de ManpowerGroup.

Concepts clés et définitions : #DRH ou directeur des ressources humaines