L’image des DRH est-elle (à jamais) écornée ?
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A l’occasion d’une soirée organisée par le club DéciDRH, universitaires, dirigeants et directeurs des ressources humaines ont échangé sur l’image du DRH. Décriée par les salariés, cette fonction cristallise de nombreux reproches, en particulier en période de crise.
Le DRH est-il le bon, la brute ou le truand ? Un peu des trois, d’après les experts réunis à la soirée « RH des médias, médias des RH » organisée par le club DéciDRH le mardi 16 avril dernier. Cabossée par le contexte économique, la fonction de DRH semble avoir dû mal à se redorer le blason. Et d’après les principaux incriminés présents à la table-ronde, ce n’est pas prêt de changer. « J’ai l’intime conviction que l’image de la DRH restera mauvaise, confie Christophe des Arcis, directeur du développement des ressources humaines de TF1. Car pour les salariés, ce service est avant tout un lieu de secret où l’on apprend les réorganisations avant tout le monde, où l’on connaît les rémunérations de l’ensemble des collaborateurs et qui suscite presque de la peur. »
Le bras armé de la direction ?
Selon une étude publiée en juin 2012 par la Cegos, 48 % des salariés pensent que leur DRH est trop soumis à la direction générale. Souvent coincée entre le marteau (les membres de la direction) et l’enclume (les organisations syndicales), la fonction est uniquement, aux yeux des salariés, mandatée par le grand patron pour communiquer les mauvaises nouvelles : licenciements, réduction d’effectifs, gel des salaires… Pour Thierry Teboul, délégué régional Ile-de-France de l’école IGS, le sort des DRH n’est pas scellé pour autant.« La fonction est relativement jeune et a besoin de se construire pour légitimer et objectiver ses actions. Elle doit par exemple avoir une dimension plus politique et moins technique », avance-t-il. Un avis amplement partagé par Olivier Lajous, président du Club DéciDRH. « Ne laissons pas le H de DRH à la dérive ! Ce professionnel ne doit pas être qu’un technicien dans la mesure où un recrutement s’effectue finalement les yeux dans les yeux. »
Des leviers de transformation
Parmi les facteurs qui affectent la fonction de DRH, Thierry Teboul cite la démarche court-termiste des professionnels. « Certains DRH restent en poste deux années seulement. On voit arriver des DRH de transition… Or, les résultats d’une politique RH s’apprécient sur le long terme. » La jeune génération qui arrive sur le marché de l’emploi semble, quant à elle, se bercer d’illusions sur la fonction. « Il existe un malentendu entre les étudiants qui souhaitent s’orienter dans les RH pour y faire du social et la réalité. Il faut faire un effort d’explication car cette génération a de fausses idées sur le métier », estime-t-il. Pour que la fonction ne soit plus la mal-aimée de l’entreprise, Gina de Rosa, rédactrice en chef du magazine « Entreprise et Carrières », estime qu’elle doit plus se mettre en avant. Selon elle, c’est au travers « d’une prise de parole adaptée » que les DRH pourront finalement changer leur image.
Aurélie Tachot