Stratégie basée sur les compétences à l’ère de l’IA : la prudence des dirigeants français
Selon une étude Workday, les dirigeants des entreprises françaises prennent position progressivement sur une stratégie basée sur les compétences. Non sans exprimer quelques réticences.

Le management à la française est-il confiant dans le futur du travail ? Le tableau est nuancé entre optimisme mesuré et pessimisme assumé sur fond d’influence grandissante de l’IA.
Les dirigeants d’entreprises françaises se montrent inquiets vis-à-vis de la pénurie de compétences nécessaire pour accompagner les transformations en cours. Des indicateurs qui devraient intéresser les DRH sous un angle de GPEC (devenu GEPP).
Dans son étude « The Global State of Skills » par Workday (intégrant un focus France), ils se déclarent inquiets à 41 % sur ce point.
- Seulement 33 % estiment que leurs entreprises sont suffisamment armées pour réussir sur le long terme.
- La plateforme de gestion RH et finance s’interroge sur les mutations associées à l’IA : 47 % des dirigeants français déclarent avoir une vision claire des compétences au sein de leur organisation.
« Une stratégie basée sur les compétences permettra à une organisation d’évoluer de manière pérenne », commente Vélina Coubès, Directrice marketing Europe du sud de Workday, qui a présenté cette étude avec un focus France lors d’un point presse organisé dans les locaux parisiens de l’éditeur le 10 avril 2025.
Stratégie sur les compétences : un enjeu essentiel à l’ère de l’IA
Avec les progrès technologiques liés à l’IA qui s’accélèrent, les entreprises doivent adopter de nouveaux repères pour fidéliser les profils les plus compétents et recruter ceux qui manquent cruellement pour accompagner les transformations.
Selon Workday, l’attention portée sur les intitulés de postes, les diplômes et les expériences professionnelles ne suffit plus.
Il faudrait se montrer plus audacieux pour dynamiser les DRH avec des stratégies basées sur les compétences, une « approche plus agile et fondée sur les données permet d’optimiser le recrutement, le développement et la gestion des talents ».
Selon l’étude Workday,
- 76 % des dirigeants français s’accordent à dire que cette approche de stratégie sur les compétences « favorise la croissance économique en améliorant la productivité, l’innovation et l’agilité organisationnelle ».
- En prenant de la hauteur au niveau mondial, 55 % des entreprises dans le monde ont commencé à s’orienter dans ce sens :
- dont 50 % des entreprises françaises,
- 29 % supplémentaires voudraient rejoindre cette tendance d’ici fin 2027.
IA : vecteur d’accélération pour adopter le management basé sur les compétences
L’étude de Workday est à mettre en corrélation avec les développements technologiques de l’éditeur qui se mobilise pour le déploiement d’agents IA dans les entreprises et qui se concrétise à travers son programme Illuminate.
Du point de vue des dirigeants interrogés, le management basé sur les compétences favoriserait :
- un meilleur accès à l’emploi (79 %),
- une plus grande diversité et inclusion (60 %),
- la réduction des écarts de productivité (65 %),
- une orientation vers une baisse du chômage (46 %).
« L’IA redéfinit le monde du travail, mais l’humain n’a jamais eu autant sa place », considère Chris Ernst, Chief Learning Officer chez Workday, cité par voie de presse.
IA, RH et management : perception plutôt positive des dirigeants français
Les dirigeants français interrogés dans l’étude Workday se montrent globalement plus enthousiastes à propos de l’apport de l’IA déployée en entreprise :
- Elle simplifierait les tâches répétitives et routinières (58 % des dirigeants français sondés vs 52 % des dirigeants au niveau mondial) ;
- Elle faciliterait la planification des besoins en matière de compétences (53 % des dirigeants français vs 45 % des dirigeants dans le monde) ;
- Elle favoriserait la personnalisation des programmes de formation et de développement (49 % des dirigeants français vs 47 % des dirigeants internationaux) ;
- Elle améliorerait la prise de décision grâce à l’exploitation des données ou « insights » (46 % des dirigeants français vs 52 % des dirigeants au niveau mondial).

Des signes de résistance à la conduite du changement
Malgré les promesses de l’approche de la stratégie basée sur les compétences, il subsiste encore des réticences pour basculer, selon l’avis des dirigeants interrogés :
- le temps nécessaire pour requalifier les collaborateurs (43 %),
- la résistance au changement (42 %),
- une infrastructure technologique inadéquate (36 %),
- un décalage entre stratégie en matière de compétences et objectifs de l’entreprise (28 %).
Selon l’étude, la technologie seule ne suffit pas à relever ces défis. Un changement de mentalité est nécessaire, avec une communication claire sur les avantages de cette approche (42 %) et une gestion efficace du changement (42 %) pour favoriser son adoption à grande échelle.
Méthode
• Enquête mondiale menée auprès de 2300 dirigeants, dont 150 en France, occupant des postes de direction ou plus dans des organisations employant au moins 100 personnes.
• Répondants travaillant à temps plein en Amérique du Nord, EMEA, Asie-Pacifique et Japon.
• Enquête réalisée en novembre 2024 par Hanover Research pour Workday.
Concepts clés et définitions : #GPEC ou Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences , #DRH ou directeur des ressources humaines