Edenred : « Le téléphone devient directement le support du titre-restaurant »
Par Philippe Guerrier | Le | Bien-être au travail
Aymar de Lestrange, Directeur stratégie et business développement d’Edenred France (notamment émetteur du Ticket Restaurant), aborde la digitalisation des avantages sociaux et la concurrence des start-ups.
Les avantages salariés représentent un marché phare pour un groupe français bien implanté comme Edenred mais c’est un segment de plus en plus convoité par des start-ups comme l’ambitieuse Swile, qui vient de lever 175 millions d’euros.
A l’occasion du Salon Solutions RH organisé à Paris à la rentrée, Aymar de Lestrange, Directeur stratégie et business développement d’Edenred France, a abordé certaines tendances comme :
- la digitalisation du titre-restaurant,
- l’évolution des temps de déjeuner avec l’essor du télétravail,
- la montée en puissance des commandes de repas à domicile.
Comment évolue le marché du titre-restaurant en France ?
Historiquement, le titre-restaurant représente l’un des marchés importants de l’activité du groupe Edenred. Il pèse plus de 7 milliards d’euros par an en France.
Edenred est leader sur ce marché, en particulier en digital, avec ses 2 millions de salariés utilisateurs. La digitalisation de nos solutions s’est mise en place progressivement à partir de 2014, et s’est accélérée pour atteindre désormais 1,7 million de cartes Ticket Restaurant® actives.
Désormais, nous émettons davantage de cartes que de titres papier. C’est devenu la forme principale d’exploitation.
La carte Ticket Restaurant® a ouvert de nouveaux types d’usages comme la livraison de repas à domicile, avec une centaine de plateformes partenaires dont sur Uber Eats ou Deliveroo.
L’avenir, c’est la carte ou plus généralement le digital car nous pouvons aller plus loin avec une carte virtuelle enregistrée dans le smartphone par le biais de dispositifs de paiement sécurisé comme Apple Pay, Google Pay ou Samsung Pay.
Le téléphone devient directement le support du titre-restaurant. Sa généralisation dépendra du niveau d’adoption par l’utilisateur final.
Comment percevez-vous l’usage des titres-restaurant pour régler les commandes de repas à domicile en raison du télétravail ?
C’est un usage qui a explosé pendant la crise Covid-19. En 2020, le nombre de transactions sur nos plateformes partenaires a été multiplié par 6 à l’échelle mondiale par rapport à 2019.
On parle désormais d’un réflexe de masse et généralisé sur le territoire alors qu’il s’agissait avant la crise d’un phénomène émergent avec un focus dans les zones urbaines.
200 villes en France peuvent désormais bénéficier de la livraison de repas à domicile. Edenred a signé une centaine de partenariats dans ce sens.
Les services proviennent de groupes internationaux comme Uber ou Deliveroo, avec une couverture nationale, mais aussi d’acteurs locaux comme Melchior* à Nantes.
Vous avez érigé une plateforme d’offres dédiée au télétravail. Comment l’alimentez-vous ?
Télétravail Edenred : une solution d’argent fléché et attribué à une mission précise.
Nous avons développé en propre cette plateforme de commerce digital à destination des entreprises et mise sur le marché en juin dernier. Télétravail Edenred fonctionne à partir d’un montant prépayé par les entreprises et mis à disposition des collaborateurs pour acheter des biens et des services utiles pour s’équiper en télétravail. Il s’agit d’une solution d’argent fléché et attribué à une mission précise.
Notre métier consiste à offrir une expérience d’utilisation optimale aux salariés grâce à un large réseau et à un catalogue riche de produits, tout en simplifiant l’allocation des subventions télétravail pour les employeurs avec un filtrage efficace.
Nous disposons déjà de l’expérience acquise à travers les chèques-cadeaux digitaux/dématérialisés. Nous avons restreint ici la liste du catalogue aux produits éligibles (4000 produits d’équipements de bureaux, informatique, consommables et fournitures).
Nous avons des clients dans les grands groupes comme le Crédit Agricole CIB mais aussi dans les PME.
Comment vivez-vous l’émergence de start-ups qui arrivent sur vos marchés phares ?
Edenred est le pionnier de la dématérialisation du titre-restaurant en France et de loin le leader digital du marché.
- Dès 2016, nous avons par exemple été les premiers partenaires d’Apple Pay, puis de Samsung Pay et Google Pay permettant aux utilisateurs de Ticket Restaurant de payer via smartphone.
- En 2018, nous avons également été le premier émetteur à permettre d’utiliser la carte Ticket Restaurant sur les plateformes de livraison de repas.
- Cette année, nous avons lancé la première offre Ticket Restaurant® virtuel, utilisable directement sur smartphone pour payer au restaurant ou en magasin, et commander. En plus de cette forte capacité d’innovation, nous disposons de plusieurs avantages importants, comme le volume d’avantages aux salariés que nous gérons actuellement.
Le groupe Edenred est présent dans 46 pays, et nous sommes déjà 100 % digitaux dans la plupart de nos marchés, comme le Brésil, l’Espagne ou encore la Belgique.
Notre performance témoigne de notre avance technologique, par exemple au troisième trimestre 2021, Edenred a généré en France un chiffre d’affaires opérationnel en hausse de 12 % par rapport à son niveau pré-crise sanitaire. Nous soignons notre portefeuille mais c’est aussi un terrain de conquête.
Il arrive que des gros dossiers changent de main mais nous en avons d’autres qui arrivent dans le sens inverse, et il en a toujours été ainsi. Globalement, nous avons une fidélité importante de nos clients qui se mesure en années. Nous disposons d’une place forte sur les entreprises figurant dans le SBF 120 tout comme auprès des TPE-PME avec un fort maillage territorial.
Dans quelle mesure Edenred se montre-t-il intéressé par le rachat de start-ups ?
Le premier levier de croissance d’Edenred est bien sûr la conquête de nouveaux clients et leur fidélisation, dans un marché qui reste sous-pénétré. Nous disposons pour cela de solutions pertinentes pour le monde du travail que l’on voit se redéfinir autour de plus de digitalisation, d’automatisation et de flexibilité, Edenred possède ainsi un formidable potentiel de croissance pour les années à venir.
En complément, le groupe effectue une veille d’innovation sur l’écosystème des start-ups présentes sur nos marchés ou sur des services complémentaires.
Edenred dispose de véhicules financiers d’acquisition permettant de prendre des parts ou de racheter des start-ups proposant par exemple des services complémentaires à l’offre existante.
En France, nous avons par exemple acquis ProwebCE, leader des logiciels de comptabilité et de gestion pour les CSE. Nous avons étendu son action avec une offre de chèques-cadeaux digitaux. En 2012, il s’agissait d’une participation dans la start-up. Nous sommes montés progressivement dans le capital pour aboutir à son acquisition en 2018.
* positionné comme « le frigo intelligent pour bien manger au bureau » avec la possibilité de livraisons des plats à domicile (ndlr).